[Article] le 01 Mar 2023 par

Quelques parutions d’intérêt

  • Hamit Bozarslan (coord.), Anatoli, n° 8, Les Kurdes, puissance montante au Moyen-Orient ? CNRS Editions.
    À forte orientation géopolitique, la revue annuelle des CEMOTI, qui se consacre à l’étude pluridisciplinaire de l’ancien espace ottoman allant de l’Adriatique à la Caspienne, a consacré sa livraison de septembre 2017 à un dossier sur la question kurde coordonné par Hamit Bozarslan, directeur d’études à l’EHESS. Ce numéro aborde la situation politique des Kurdes dans les différentes parties du Kurdistan dans le contexte transfrontalier de l’irruption de l’Organisation État Islamique.
  • Ofra Bengio (dir.), Kurdish Awakening. Nation Building in a Fragmented Homeland, University of Texas Press, 2014.
    Tentant d’évaluer le degré de construction nationale atteint par les Kurdes dans chaque partie du Kurdistan, cet ouvrage s’est notamment intéressé aux processus de formation d’une identité commune dans la littérature ou les études de genre, comparant aussi nationalisme kurde et divers autres nationalismes.
  • Cuma Çiçek, The Kurds of Turkey. National, Religious and Economic Identities, I.B. Tauris, 2016.
    Dans ce livre basé sur une thèse soutenue à « Sciences Po », Çicek problématise à l’inverse du précédent la pluralité des identités kurdes en Turquie à partir de terrains et d’entretiens effectués entre 1999 et 2013.
  • David Romano et Mehmet Gurses (dir.) Conflict, democratization, and the Kurds in the Middle East, Palgrave Macmillan, 2014, aborde l’effet, positif ou négatif, du mouvement national kurde sur la démocratisation des États du Moyen-Orient. La première section examine comment le mouvement kurde a pu servir de prétexte au renforcement de leur autoritarisme ; les deux sections suivantes examinent au contraire les processus de démocratisation, les comparant avec d’autres continents (Amérique Latine…) et évaluant la relation entre revendications nationalistes et démocratiques kurdes. La troisième section offre des suggestions de résolution de conflit, la quatrième et dernière tentant une analyse à l’échelle régionale.
  • Jordi Tejel-Gorgas, La question kurde: passé et présent, Paris, L’Harmattan, 2014, est plus historique, par un auteur spécialiste de l’histoire du mouvement kurde en Syrie.
    A propos de la partie syrienne du Kurdistan, dont le projet politique inédit de « confédéralisme démocratique » a popularisé la dénomination kurde de « Rojava », mentionnons plusieurs parutions suscitées par l’actualité politique, qui pour être moins académiques n’en éclairent pas moins la situation :
  • Michael Knapp et al., Revolution in Rojava: Democratic Autonomy and Women's Liberation in the Syrian Kurdistan, Pluto Press, 2016,
  • Stephen Bouquin, Mireille Court et Chris Den Hond (dir.), 2017, La Commune du Rojava. L'alternative kurde à l'État-Nation (coédition Critica Bruxelles et Syllepse), donne la parole à des militantes féministes kurdes comme à des spécialistes de la question kurde ou à des auteurs connus internationalement (Immanuel Wallerstein).
  • Pierre Bance, Un autre futur pour le Kurdistan ? Municipalisme libertaire et confédéralisme démocratique, Noir & Rouge, 2017. L’auteur, docteur en droit à orientation libertaire, analyse la Charte constitutionnelle du Rojava.
  • Olivier Grojean, La révolution kurde. Le PKK et la fabrique d'une utopie, La Découverte, 2017, apparait également pertinent pour comprendre l’évolution politique à l’origine de l’orientation actuelle du PYD, le PKK en constituant en quelque sorte le parti-matrice.
  • Sophie Mousset, Femmes en guerre. A la rencontre des Yézidies du Sindjar, E-Fraction, 2016. Ce petit ouvrage présentant entretiens avec des combattantes et photos, apporte un autre éclairage.
  • Elisabetta Costa, Social Media in Southeast Turkey University College Press, 2016, peut être vu comme contrepoint ethnographique à :
  • Nicole Watts, Activists in office: Kurdish politics and Protest in Turkey University of Washington Press, 2010. Plus politique, plus ancien, l’ouvrage de Watts décrit cependant bien comment le mouvement kurde en Turquie s’est implanté localement dans les municipalités et comment ses élus (depuis emprisonnés par Erdoğan...), ont lancé nombre de programmes sociaux et d’amélioration du cadre de vie urbain, cherchant à promouvoir une « gouvernementalité alternative » défiant les représentations sécuritaires de l’État centralisateur. Costa, complémentairement, offre une approche ethnographique de la manière dont la population s’empare des médias sociaux et « agit » concrètement la globalisation.
  • Social Media in SE Turkey appartient à la série Why we post comprenant 11 ouvrages au thème coordonné (Social Media in rural China, in Northern China, in an English village…), tous téléchargeables gratuitement sur le site de l’éditeur (http://www.ucl.ac.uk/ucl-press) de même que la synthèse des monographies, How the world changed social media.

D’autres lectures peuvent être mises en rapport avec ces deux derniers travaux :

  • Benoît Montabone, La cohésion territoriale en périphérie de l'Union européenne : les enjeux du développement régional en Turquie, 2011, thèse soutenue à Rennes, qui donne une large place aux relations entre élus kurdes et agences de développement turques dépendant du GAP au long des années 2000 (non publiée mais disponible sur le site d’archives ouvertes HAL http://hal.archives-ouvertes.fr).
  • Elise Massicard et Ulaş Bayraktar, La décentralisation en Turquie, Rapport 2011 de l’Agence Française de Développement (qui conclut d’ailleurs à  l’impropriété du terme de « décentralisation » appliqué à la Turquie...), et aussi :
  • E. Massicard, 2014, Une décennie de pouvoir AKP en Turquie (Études du CERI n° 205). Tous deux sont téléchargeables en ligne.

Pour revenir à l’édition classique, citons :

  • Cengiz Güneș et Welat Zeydanoglu (dir.), The Kurdish question in Turkey. New perspectives on violence, representation and reconciliation, London, Routledge, 2014, qui aborde entre autres la politique de l’AKP à l’égard des Kurdes.

Enfin, une recherche web sur les sections « Publications » des sites du TESEV (Türkiye Ekonomik ve Sosyal Etüdler Vakfı) et de DISA (Enstîtuya Diyarbekirê bo lékolînên siyasî û civakî) livrera aussi des trésors, souvent en anglais, comme :

  • Same home, different languages (DISA, étude sur le multilinguisme familial), Village guard system (DISA), ou les divers Corruption reports (TESEV).